Bretagne, 2002
Au commencement tout est vague.
J’ignore par quel chemin je serai conduit. L’idée vient après, en retard, toujours extérieure, comme quelque chose d’impure ou d’accessoire.
Au commencement, dans mon être,
comme un vent glacial.
Dans un dénuement intemporel où rien ne prend corps, où rien ne se montre, une alchimie intime adviendra : par un désir qui affleure, qui se prendra tôt ou tard dans une aspérité du réel, je me sentirai alors exister davantage, dans un corps plus dense, une réalité plus vivante.
Du vague, ma conscience, mon être tout entier changeront alors de régime.
C’est dans ce passage indescriptible et non reproductible du vague au nécessaire, de l’ombre à la clarté, que des images surgiront. Elles seront le témoin, la trace d’un passage. Elles ne reproduiront rien, mais apparaîtront comme les symptômes d’un agir, d’un désir trouvant chemin dans les espaces inexplorés d’un dehors de l’être. Un dehors que je m’efforce d’investir de ma subjectivité dans l’espoir d’une plénitude à venir, d’un retour d’objectivité dont mes images restitueraient la trace fragile. Ma vie, mes images surgissent de ces espaces intermédiaires, entre subjectivité et objectivité, entre ma finitude et le Tout-autre.