Bretagne, 2004
Espace intermédiaire, tremblé, entre l’âme et les sens. Entre l’objectif mécanique – relais du monde visible – et l’œil sensible, intérieur – relais de l’invisible. La photographie m’introduit dans cet espace intermédiaire, fluide et incertain où dansent des ombres habitées de lumière. Espace sacré où nul ne peut entrer sans se dévêtir. Là, il n’y a de place que pour la totalité, une, nue, fragile. Car être introduit dans le sacré de la vie, c’est prendre le risque de la nudité, du vide, du néant. C’est consentir à n’être rien, qu’une nudité sans peau. C’est se donner, sans retour possible d’un quelconque rachat, se laisser… dans le grand murmure silencieux de la Vie.
Espace intermédiaire, terre sacrée, la photographie me permet cette incursion dans un dehors de l’être curieusement habité. Elle m’enracine dans l’incertain de la vie, dans le mouvement du devenir, dans la promesse des rencontres impensables et non préméditées.
Curieuse rencontre de le l’œil et du verre, de l’âme et du métal, du sensible et du mécanique. Lumineuse écriture des énigmes de ma vie, de la beauté dansante du Réel sous le voile du monde, des milles visages du Dieu invisible. Beauté sans nom.