Bretagne, 2003
Le réel est toujours au bout de la matière, à la fin du rouleau, là où l’accident fait tâche, là où l’inattendu surgit, là où la réalité tant attendue jamais ne se montre, nue, pleine, dense…
Le réel est une déchirure, réalité déchirée, oblitérée de lumière, de feu, d’immanence. Ces taches de lumières sont le revers de l’ombre pourtant, de l’argent immaculé de lumière… La photographie existe entre ces deux rives : de la virginité ombrée à la lumière révélante, du possible au réel. Entre ces deux rives se jouent l’existence, la fragilité, le souffle d’une vie, la mienne, l’élan d’un possible vers d’autres rivages…
Dans ce réel fuyant entre les rives du visible, dans l’espace suspendu des entre-vues, des horizons mouvants où peut surgir l’imprévisible, mon regard aimant grave le sillage de l’Éternel…