Bretagne, 2002
Dans chaque être, il y a un cosmos en devenir, fragile comme un nouveau-né, comme la graine qui pousse dans le silence de la terre. Tant de force pourtant, dans toutes ses fibres rassemblées, dans toutes ses faiblesses.
Tant de mondes ont passé comme des torrents alors même que nous l’ignorions, laissant en nous la trace éternelle de leurs invisibles limons. Comme une terre remuée nous avons gardé au plus profond, le souvenir d’un inexorable travail.
Et aujourd’hui, j’en suis là, au seuil d’un recommencement, perché dans le vide, entre mes peurs et mes espoirs, entre le refus et la nécessité, entre ce que je fus et ce que je serai.
Il y a cette lumière incommodante, éblouissante, qui ne me laisse en paix. Inexorable travail (combat ?) du jour et de la nuit. Nul repos, nulle quiétude, sous nos latitudes ‘trop humaines’. Toujours ce travail de la terre ensemencée de lumière et la tentation de l’arrêter est si grande, de ramasser les fruits de la moisson avant l’heure, de stopper dans une immobilité mortifère l’insaisissable de la vie. Je dois laisser ma camera obscura s’ensemencer d’une lumière ondoyante, au risque du surgissement d’une intériorité inattendue. C’est là le risque effrayant de la photographie qui me ramène toujours à l’éternelle histoire de l’homme dans l’inachèvement de la vie. À ma propre histoire pleine d’énigmes…