Bretagne, 2019
La photographie ouvre un champ de possibles inouï. Elle est vecteur de multiplicité. La difficulté sur laquelle je bute bien souvent – à y passer des jours, des nuits, des semaines – peut se résumer ainsi : comment parvenir à organiser cette multiplicité ? Comment unifier le multiple ? Sur quel(s) critère(s) (thème, scène, genre, style, lieu, temporalité, qualité optique, focale, matière photographique…) opérer une sélection dans cette profusion d’images ? Y a-t-il nécessité d’unifier ce qui par nature est voué à la multiplicité ? Cette question se pose bien souvent dans l’après-coup de la prise de vue. Dans l’action où instinct, réflexion et intentionnalité sont entremêlés en des proportions variables, il est bien difficile de savoir ce qui au fond me pousse à appuyer sur le déclencheur. L’inconscient opère toujours même si je ‘choisis’ de déclencher. Choix conscient et déterminations inconscientes sont le pain quotidien du photographe. Pain béni car il permet la survenue des hasards heureux, la rencontre non préméditée entre un vouloir conscient et un ‘vouloir inconscient.’ N’est-ce pas cette rencontre révélante qui augmente la joie du photographe quand il se sent agrandi par l’irruption d’une dimension qui dépasse les capacités de son propre entendement ?